DERNIERES NOUVELLES

Sur cette page vous pouvez lire les nouvelles "fraîches" que nous envoyons. Chaque mise à jour sera indiquée ici, puis passera à la page "la chevauchée", qui servira de page d'archive à notre récit de voyage.

Le 21 Novembre 2005, toujours au même endroit.
même Latitude, même Longitude


A la grande surprise de tous… nous sommes encore à El Calafate. El calafate Il s'est passé bien des choses depuis les dernières nouvelles et nous allons essayer de vous résumer notre mois mouvementé dans ce bled patagon.


Arrivée à El Calafate le 23 octobre après 20 heures de trajet depuis Puerto Madryn (à coté de la Péninsule Valdés). Alors que nous étions à la recherche d'un logement, mais aussi attentifs à trouver rapidement nos compagnons de route, Francisco a accosté un passant tenant un cheval en longe afin de lui demander s'il connaissait quelques vendeurs.


C'est ainsi que nous avons connu Don Joakin, qui nous a indiqué une personne sur le moment et nous a laissé son numéro de téléphone. Il allait se renseigner sur ce point. Une fois installés nous avons pu obtenir d'autres informations en se dirigeant au bureau des Parcs Nationaux. Ils nous ont donné le nom de " El Chabon ", figure de Calafate qui organise des ballades à cheval. Gustavo, ou "Chabon", nous a indiqué plusieurs noms de personnes susceptibles de vendre des chevaux. Il nous a ainsi permis de commencer à voir quelques possibilités.


De son côté, Don Joakin nous a proposé de nous conduire jusqu'à la réserve indigène Camusu Aike où vit, entre autres, Chito Lopez, connu pour la qualité de ses chevaux. Si nécessaire on pouvait faire le tour des estancias (exploitations agricoles aux superficies atteignant plusieurs milliers d'hectares!) dans le même coin. Nous avons finalement fait près de 300 km jusqu'à la réserve et environ 500 dans la journée. C'est grâce à l'introduction de Joakin (il a travaille dans ce coin et connaît bon nombre de ses habitants) et à sa camionnette que nous avons eu la chance de voir de superbes chevaux. Il nous a aussi fait découvrir les habitants "cachés" de la Patagonie et leur hospitalité. C'est un monde peuplé d'hommes qui profitent des rares passants pour partager un mate, sorte d'infusion, institution incontournable dans la culture argentine; tout un rituel l'entoure. Sur les photos vous verrez souvent quelqu'un avec son mate, Don Diaz par exemple. Don diazPour en savoir plus renseignez-vous sur internet ou auprès de n'importe quel argentin á portée de main !. C'est aussi l'occasion d'échanger quelques "tortas fritas" et de longues histoires. Certains vivent complètement isolés. Nous nous disons que certaines journées doivent sembler bien longues pour ceux qui vivent dans les "puestos", ces annexes de la maison mère permettant de fractionner la surveillance et l'entretien de ces domaines aux superficies hors du commun. Ces annexes sont de petites maisons d'une ou deux pièces, généralement faites de taule et de bois. Toutes les pièces principales oú nous avons pris le mate étaient meublées de la même façon: une table, un banc ou des chaises, un poêle à bois, une plaque de gaz (type camping). Au mur, quelques affiches de " jineteada " ou " doma " (rodéo local), souvent avec la photo d'un fils de Chito Lopez, un calendrier ( !) et parfois quelques photos. Très denudées donc et, mis à part les photos, très impersonnelles. Nous gardons un souvenir bien particulier de cette journée riche en kilomètres, paysages et rencontres. Un Grand merci à Joakin pour nous avoir sortis de la folie touristique qu'est Calafate pour nous faire découvrir le cœur de la Patagonie.


Lors de cette journee nous avons aussi trouvé de bons chevaux…. mais à des centaines de km (ce qui est monnaie courante ici) et sûrement trop "fougueux" pour notre entendement équin !. Nos recherches et rencontres ont donc continué leur cours et après moults aller-retours, nous avons acheté des chevaux à des gauchos des alentours de Calafate. jb mingus Bigote et Mingus, 2 vieux hongres qui viennent de la chacra Rincón Amigo (ferme d'une superficie inférieure a l'estancia), située à une 20aine de km de la ville. Ils appartenaient á José Barrientos qui s'occupe d'un élevage de vaches Hereford. JB, autre vieux hongre, acheté à Luis Diaz qui travaille pour l'estancia Hueliche, à 6 km du centre de Calafate et enfin India, la jeunette du groupe, que nous avons achetée à Jose Perez de Calafate.


Le vendredi 4 nous avions donc les 3 hongres et nous sommes partis du camping où nous étions depuis 10 jours pour aller à "l'hippodrome Lago Argentino". Il s'agit d'une association de propriétaires de chevaux de course qui ont fait construire des écuries et où ils organisent des courses de temps en temps (en alternance avec d'autres villes de la région). Nous avions rendez-vous avec marechal un maréchal ferrant le vendredi à 18 heures pour qu'il nous ferre les chevaux (lá encore rencontré grâce aux connaissances de Joakin). Comme c'était la première fois que nous harnachions les chevaux (sans le bat militaire puisque India ne faisait pas encore partie de la troupe), cela nous a pris beaucoup de temps et nous sommes arrivés très en retard à l'hippodrome. Comme nous ne savions pas où aller, Acuña (le maréchal ferrant) nous a proposé de rester camper jusqu'au lundi. Les 2 ou 3 kilomètres séparant le camping de l'hippodrome ont donc été notre premier contact " monte " avec les chevaux. Les premières émotions et impressions, la découverte les uns des autres….. L'envie d'aller plus loin !


Finalement, les chevaux ont été ferrés lundi (3 ont dû être ferrés au sol parce qu'ils n'avaient jamais été ferrés... et pourtant 2 ont bien 15 ans!) et nous avions tout prêt pour partir le mardi matin. Le mardi 8, nous nous sommes levés à 6 heures du mat, pleins d'entrain, de motivation et d'appréhension. Nous avons bien mis 3 heures pour harnacher vu que ce n'était que la seconde fois, et pourtant... nous avons commis de belles erreurs dans le paquetage! Nous nous sommes mis en selle et………


indiaIndia a eu peur et a commencé à ruer pour essayer de faire voler la charge, et elle y est arrivée!!! ... avant de partir vers d'autres horizons !. bigote Mingus, que je montais et Bigote (en bat) ont été comme effrayés par cette furie et sont partis au grand galop m'emmenant vers de nouveaux horizons aussi! Ce galop, enivrant à ces débuts, est vite devenu inquiétant. J'ai donc eu les cheveux bien au vent... puis dans la poussière!. Les trois sont partis dans la nature avec selle, bât, chargement...


Ceci dit c'est notre faute pour plusieurs raisons: la première, de les avoir achetés avec empressement (!), la deuxième de ne vraiment pas savoir grand chose sur les chevaux (AH! il était temps de s'en rendre compte!) et du coup d'avoir très mal attaché la charge du bât (rien qu'ça?!). La plus jeune a donc eu peur de sa charge qui faisait du bruit. On a fini par récupérer les chevaux et la charge... mais on a perdu un peu de confiance.


A partir de là on a commencé a comprendre la différence entre "chevaux dressés" et "chevaux pour touristes". C'est à dire que les chevaux de gauchos sont dressés d'une façon bien particulière et ce ne sont pas de doux agneaux, même après des années de travail. Un gaucho a plusieurs chevaux et au final n'utilise que peu un cheval. Quelquefois ils peuvent ne pas avoir été montés depuis plusieurs mois… de plus ils ne voient que peu de gens dans leur vie étant donné qu'ils vivent en troupeau dans des espaces gigantesques... ici on dit "ariscos" quand un cheval n'est pas très confiant en l'homme. Les chevaux dressés pour être très calmes sont très rares vers ici et quand il y en a ils sont recherchés par les fermes équestres... bref, il s'agit d'un marché dans lequel on ne te laisse pas entrer en début de pleine saison touristique.


La suite des événements est que le mercredi Francisco est retourné voir "El Chabon" pour lui proposer de nous racheter les chevaux. Celui-ci a une "chacra" à 3 km du centre avec plus d'une centaine de chevaux (entre étalons, poulains, juments, chevaux dressés et non dressés). Il a aussi une barbe ornée de longues moustaches et un esprit grand ouvert. Nous ne savons pas très bien pourquoi, lui non plus d'ailleurs, mais il a décidé de nous aider, en commançant par nous changer les idées en nous invitant à son anniversaire, puis à installer notre tente sur le terrain de la chacra. Là-bas travaillent 3 jeunes "gauchitos" venant de la province de Salta: Popeye, Rama et Facundo (ou Gato de son surnom). Il est aussi aidé par son frère Martin. Entreprise familiale donc, puisqu'on peut aussi voir Magdalena, la maman de Gustavo, qui s'occupe de la cuisine. Tous nous ont introduits à la culture argentine du cheval, sans oublier les sages conseils (enrobés d'humour gaucho) de Juan "yegua negra" qui est une source de connaissances gaucho incroyable. Et quel personnage !


Pendant plus d'une semaine nous avons pu nous rendre compte que les distances et l'aridité du terrain sont un obstacle bien trop grand en comparaison avec notre connaissance des lieux et des traversées à cheval. C'est donc en nous écoutant et en prenant en compte les conseils des tiers que nous avons decidé de vendre nos chevaux…. A grand regret parce que nous avons continué à les monter pour aller chercher le troupeau dans l'immense pâture qui s'étend derrière la chacra, pour se ballader dans le coin, et qu'on s'y est tout simplement attaché! Rien de tel pour se vider la tête que de galoper derrière le troupeau á travers les steppes patagonnes, entre les courbes et dénivelés des coteaux des alentours de Calafate ! Enfin nous profitons tout de même de la mine de bons conseils et de savoir faire que sont les personnes travaillant à la chacra et nous apprenons pour le prochain essai! Nous avons aussi beaucoup appris sur les styles de selle, d'harnachement, le comportement avec les chevaux….. mais aussi sur les passe-temps sous cette latitude : le travail du cuir, qui est un véritable art gaucho, les asados d'agneau patagons, le vin… Tout cela, les mates, la cohabitation, nous a amenés á nous rapprocher et á devenir collègues de ces personnes qui nous ont aidées et accueillis dans leur monde... parce qu'ainsi ils l'ont ressenti.


Depuis jeudi 17, Mingus, Bigote, JB et India vivent à l'estancia "La Anita", immense domaine qui s'étend du lac Argentin jusqu'au lac Roca, au pied du " cerro frias ". Nous avons donc fait notre dernière ballade avec eux pour parcourir les quelques 30 km de distance entre la chacra del Chabon et La Anita. Belle journée qui nous a presque fait revenir sur notre décision …. Mais nous n'allons pas commettre deux fois la même erreur. Notre apprentissage ne fait que commencer et nous espérons pourvoir nous forger d'autres connaissances équines et patagonnes lors de notre avancée vers le Nord. Pancho s'est déjà lancé dans le monde de la " jineteada " sous les conseils de Yegua Negra! Spectacle immanquable que nous essayerons de vous faire partager en mettant en ligne une courte vidéo.


En attente d'une géographie plus propice, nous avons renvoyé le bat à Buenos Aires. Nous partons demain pour El Chalten, á 170 km au nord de Calafate… á la rencontre d'autres chevaux.. et d'hommes. De toute cette expérience nous sortons à pied mais avec une vision plus claire et plus juste de ce que nous devons faire avant de nous lancer dans ce que nous voulons réaliser… et surtout remplis de ces rencontres, de ces personnages qui maintenant nous accompagnent.


Des remerciements sans fin à toutes les personnes qui nous ont soutenus lors de notre passage à Calafate.


Maxi y Pancho

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